Quand retrouvez-vous dans la même salle une artiste non-voyante, une autre hypersensible, un autre sourd, une en fauteuil roulant, une de la diversité culturelle et un autre au fonctionnement neurologique particulier ?
C’était pourtant ce qui arrive de plus en plus souvent sous l’invitation de la Chaire de recherche du Canada sur la citoyenneté culturelle des personnes sourdes et les pratiques d'équité culturelle. Le thème de la journée était : Déconstruction de l’audisme et du capacitisme dans les milieux culturels.
Témoignages d’artistes sur les défis rencontrés dans leur parcours
Ce n’est pas tous les jours qu’on peut exprimer comment on a pu créer et s’épanouir malgré les obstacles. Comme personne ayant une différence, offrir au plein jour ce qui semble difficile, versus ce qui est facilitant est un sujet confrontant mais si utile pour mieux aborder la réalité d’une artiste vivant avec une déficience intellectuelle.
L’atelier du 1er décembre était donc une belle occasion de revenir sur certaines expériences difficiles et d’exprimer (en riant parfois un bon coup) les absurdités et les incohérences du parcours pour ensuite mettre en valeur une collection de bons souvenirs et d’en tirer «Qu’est-ce qui fait que ça se passe bien quand ça se passe bien ?».
Voici ce qui en est ressorti:
Pour que ça se passe bien, il faut:
Me mettre à l’aise avant et après une entrevue
Avoir une personnes référence en cas de besoins
Organiser l’horaire de façon réaliste (pas trop long et pas trop intense)
Prévoir les déplacements et me faire visiter avant si possible
Noter des points clairs pour me concentrer sur le sujet du jour
Me faire pratiquer et m’aider à créer un aide-mémoire
Me demander mon avis, mon consentement
Me proposer une place raisonnable dans un projet
Me donner des commentaires et des encouragements
Prestation de trois poèmes
Après la partie témoignage de parcours atypique, j’ai été invitée à lire trois poèmes à toute l'assistance dans la grande salle du Conseil des arts de Montréal:
Vivre, un poème revendicateur qui parle de s’intéresser autrement aux personnes différentes.
Coffre-fort, tiré du dernier recueil et qui parle des trésors intérieurs et un poème de Pierre-Olivier lu par Roselyne et signé en LSQ (Langue des Signes du Québec) par Pierre-Olivier.
Et Tatie:
Tatie, tatie Carole
Tu es comme un soleil
Tatie, tu es spéciale
Tu n’es pas comme les autres
Je me souviens chaque fois
Quand je soupe en famille
Mon mal à lire sur les lèvres
Et à suivre les autres
Quand j’étais tout petit
J'ai compris
Que je n’étais pas le seul
Avec ma différence
La vie de ma tatie
Vivant avec la trisomie
Et moi né sourd profond
Avec des yeux malades
Tu es exceptionnelle
Tu es si merveilleuse
Je t’aime tatie, je t’aime
Ma muse affectueuse
Partager la scène avec toi Pierre-Olivier a été magique…
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Un grand merci à Véro Leduc qui organise ces ateliers et conférences d’une main de maître !
Artiste et chercheure engagée, Véro Leduc est professeure au département de communication sociale et publique à l’Université du Québec à Montréal, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la citoyenneté culturelle des personnes sourdes et les pratiques d'équité culturelle et co-titulaire du tout nouveau Laboratoire Handicap, sourditude et innovations. Elle enseigne au programme en action culturelle, ainsi qu’au programme Handicap et sourditude : droits et citoyenneté, qu’elle a cofondé. Première professeure d’université sourde au Québec, ses travaux portent notamment sur les pratiques artistiques des personnes sourdes et handicapées au Canada, les musiques sourdes ainsi que sur la citoyenneté culturelle des personnes sourdes et les pratiques d’équité culturelle. En 2020, elle a reçu la médaille de la gouverneure générale du Canada pour son travail méritoire visant à briser les barrières de l’exclusion sociale et à renforcer l’accessibilité à l’université et à la culture pour les personnes sourdes et malentendantes.
En savoir plus sur les projets en cours : https://equite-culturelle.uqam.ca/projets/projets-en-cours/
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