Je ne vous parlerai pas de Profil, le centre d’entraînement qui m’accueille depuis onze ans et qui fait de moi une fille en forme.
C’est dans Lairet.
Je ne vous présenterai pas le Café Castelo où se sont vendus mes trois premiers recueils de poésie et où je déguste du café comme je l’aime, en bonne compagnie.
C’est aussi dans Lairet.
Moi, c’est Charlesbourg. Je suis duchesse de Charlesbourg et je dois parler de mon arrondissement! Un duché à la fois s’il-vous-plaît !
Mais je peux vous mentionner le Canac sur Louis XIV qui a embauché un commis trisomique discret et efficace.
Je peux vous nommer le Centre du Rembourreur sur la 1ère Avenue et vous parler de Gilles Bouchard qui n’est plus seul dans son atelier. Il paraît que c’est mieux rangé depuis qu’il a embauché un garçon différent.
Je peux vous souligner l’accueil de Danse Attitudes et du Centre de loisirs Saint-Rodrigue avec le cours de danse folklorique de la Manikoutai: deux places de choix dans lesquelles je suis intégrée.
Je peux vous parler du magasin Uniprix de la 1ère Avenue qui me traite comme une cliente importante.
Je peux vous écrire à propos de la bibliothèque Paul-Aimé Paiement de Charlesbourg qui accueille avec plaisir des personnes différentes en invitant toute sa population. Plusieurs commis m’aident à m’orienter pour trouver des livres intéressants, découvrir des DVD, des CD et utiliser des ordinateurs.
Je pourrais aussi vous dire que j’ai aidé ma soeur à l’École de violon Anne-Hélène Chevrette. J’ai photocopié une tonne de partitions, j’ai transcrit plein de notes dans un logiciel de notation musicale, j’ai pris soin des locaux, aussi. Elle m’a fait présenter des numéros lors de ses concerts, j’ai accueilli le public, j’ai vendu des billets et j’ai donné des programmes.
J’aimerais ne pas avoir à vous en parler. Ça ne devrait pas être extraordinaire, ça ne devrait pas prendre du culot.
En silence, à haute voix ou par écrit, je pense que c’est une bonne idée d’inclure, d’intégrer des personnes comme moi dans les milieux de travail.
J’aimerais que ce soit naturel, je me rends compte que c’est important de faire des efforts. Un petit coup de pouce fait toute la différence : l’accueil des commerces permet de développer nos compétences pour nous stimuler davantage. Le fait de tendre la main aux autres, c’est se donner un cadeau à soi-même, celui de l’ouverture et de l’amitié.
Alors, auriez-vous le culot d’en accueillir?
Texte de Roselyne Chevrette et Anne-Hélène Chevrette, encore une fois complices.
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